Chère amis lecteurs et lectrices, je continue de publier nos articles consacrés aux trésors perdus des régions de France avec cet article qui va être consacré aux trésors de la région Picardie proposé par M. Audinot à travers ces années de recherche des trésors perdus au cours des siècles.
Aisne (02) :
AULNOIS-SOUS-LAON (02000) - Le réseau secret des moulins
En 1635, s’était constitué près d’Aulnois un réseau de résistance protestante animé par la noblesse locale, qui s’organisait à partir de tous les moulins situés à douze kilomètres à la ronde. Il perdura, avec un trésor de guerre en armes et en argent, jusqu’à la révocation de l’édit de Nantes. Les affidés furent alors contraints de quitter précipitamment la France. Le trésor serait resté dans l’un des moulins, enterré ou emmuré. Des dizaines de ces bâtiments peuvent être repérées dans les environs. Ils sont maintenant ruinés, mais constituent des sites potentiels pour l’exhumation de ce trésor historique.
COUCY-LE-CHÂTEAU-AUFFRIQUE (02380) - Trésor de prince
Dans ses collections personnelles de
documents anciens, le folkloriste et romancier Claude Seignolle possède un pli
émanant de la prison du Petit-Châtelet, à Paris. II est signé d’un certain
Petit de la Roche, se disant détenu, et adressé à un Monsieur Le Maury de
Coucy-le-Château. Les deux hommes ne se connaissent pas. L’auteur de la lettre
révèle avoir, en 1791, enterré dans un petit bois situé à l’entrée de Coucy,
lorsque l’on vient de Soissons, une cassette que lui aurait remis son maître,
Monsieur de Born, prince du Saint Empire Germanique. Elle aurait contenu 4 500
louis d’or et 200 000 livres en billets de caisse.
Une armée de chevaliers ensevelie
Selon le
chroniqueur médiéval Juvenal des Ursins, contemporain des faits, une armée de
chevaliers reposerait encore, avec armes, bagages, armures et joyaux dans un
souterrain effondré situé près du château de Coucy. Monstrelet évoque aussi cet
étrange dépôt, qui procède d’un fait divers authentique qui se déroula en 1411.
Cette année-là, le château de Coucy était assiégé par les Bourguignons. L’armée du comte de Saint-Pol entama le forage d’un souterrain qui, partant du village de Coucy depuis les caves des maisons, devait passer sous la porte de la forteresse dite de Maître-Odon, principal accès au château encadré par deux bastions, et ainsi permettre la prise de la place par surprise. Mal étayée, la galerie s’effondra alors que presque tous les chevaliers du comte s’y trouvaient massés pour l’assaut. La plus grande partie des corps en armures repose sous l’emplacement de la porte dite de Maitre-Odon, qui ouvrait l’enceinte au village.
Comme l’écrit fort justement Juvénal, ils y restèrent à jamais enfouis après l’échec du siège, qui ne dura que huit jours.
Au début du XIXe siècle, des
recherches financées par l’État furent conduites en vue de retrouver le tracé
de cette galerie, mais sans succès. Selon le comte Édouard de Beaumont,
« on chercha au mauvais endroit ». Pour le même archéologue, il
aurait suffi, pour trouver la galerie, de creuser entre le village et le
château, seulement séparés de quelques dizaines de mètres, et près de la porte
de Maître-Odon, une simple tranchée de quatre à cinq mètres de profondeur, pour
atteindre le ciel de voûte de la mine bourguignonne.
En 1819, des sondages furent conduits pour exhumer ce que pouvait receler le
puits de la forteresse. A vingt-sept mètres, en déblayant les gravats qui
l’encombraient, on y trouva des armes et des têtes de statues en pierre
recouverte de feuilles d’or.
La recherche de cette armée et de ses trésors mériterait d’être reprise, ne serait-ce que par l’extraordinaire valeur du mobilier archéologique que l’on pourrait s’attendre à exhumer de cette tombe collective.
La porte de Maître-Odon existe toujours, au sud du château, juste devant un fossé sec où seraient à conduire les premières recherches. Il est probable que c’est ce fossé qui, fragilisant le souterrain dont la voûte était, à cet endroit, presque à fleur de sol, fut cause de l’effondrement du long tunnel.
En 1917, les Allemands en retraite
firent sauter le donjon de Coucy avec vingt-huit tonnes de cheddite, un
puissant explosif. Le souffle anéantit presque toutes les murailles dont une
bonne partie de la porte de Maitre-Odon; mais ce qui se trouvait au-dessous n’a
pas été touché.
Oise (60) :
FRANCASTEL (60480) — Le trésor du dernier seigneur
À Francastel, près de l’église, on peut encore voir une belle motte féodale qui supportait un château fort maintenant disparu. La citadelle avait été construire vers le Xe siècle, et était restée intacte, malgré quelques aménagements jusque vers la fin du XV siècle. On peut encore en observer un pan de mur sortant de terre, et localement dit Le Caté. Comme le château avait été détruit par une attaque bourguignonne assez violente, on pensa qu’il recelait un trésor. Vers 1810, un habitant du village, persuadé que le magot se trouvait dans le puits encore visible de la forteresse, envisagea d’y faire des fouilles. Le propriétaire du terrain sur lequel il se trouvait s’y refusant, le chercheur obstiné, partant du Café même, entama le forage d’un souterrain qui devait le conduire au puits interdit. II n’acheva jamais son œuvre, qui fut utilisée comme cave avant de s’effondrer. Un second habitant du village eut la même idée, et procéda de son côté à des travaux similaires qui se terminèrent comme les premiers, c’est-à-dire par un effondrement du terrain. Ils avaient malgré tout permis de rencontrer, sous la motte, des murs très durs qui formaient une salle souterraine dont on n’avait jamais supposé l’existence, mais qui ne put être ouverte à cause de la solidité des matériaux la scellant. C’est peut-être là que reposait le trésor du dernier seigneur de Francastel.
IVRY-LE-TEMPLE (60173) - Des champs retournés en tous sens pour retrouver le trésor du Temple
Au début du XIVe siècle, les Templiers possédaient une très importante commanderie à Ivry. Elle présentait l’avantage de se trouver précisément sur le passage de « la route Templière », axe qui, partant de Paris, conduisait jusqu’à une mystérieuse crique des environs de Dieppe. C’est à l’une des étapes de cette route qu’aurait été caché le trésor des Templiers, évacué de Paris en 1307 et dirigé vers l’Angleterre via la crique de Dieppe. Or, juste après la Seconde Guerre mondiale, un cultivateur des environs d’Ivry, nommé Gourdon, fit une étrange découverte dans l’une des dépendances de l’ancienne commanderie: des parchemins très anciens roulés dans des feuilles de plomb. Par la suite, il se mit à retourner en tous sens un certain nombre de champs, travail qui sembla lui réussir, puisque dans les années suivantes, il se rendit acquéreur de domaines très importants.
Avait-il trouvé tout ou partie du trésor du Temple grâce aux documents contenus dans les parchemins ?
Le souterrain, réputé receler « des coffres emplis d’or » partirait de la ferme dite des Treilles, ou Treillis. C’est précisément près d’elle que firent trouvés les rouleaux de plomb et que se concentrèrent les principales recherches.
NOYON (60400) - L’or et les reliquaires sont sous l’abbaye
Le trésor des moines de l’abbaye de Noyon serait encore enterré quelque part autour des bâtiments, et ce depuis la Révolution. D’autres magots sont dissimulés dans les caves de la vielle ville et les carrières souterraines de la cité depuis cette année 1557, au cours de laquelle elle fut assiégée et pillée par les soldats de Charles Quint.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Abbaye_Saint-Barth%C3%A9lemy_de_Noyon
Somme
(80) :
CONDÉ-FOLIE (80890) - Trésor de la Révolution
Il ne reste plus, de nos jours, que
les vastes caves et quelques communs de ce qui fut au XVIIIe siècle le château
de Condé-Folie. Détruite au cours de la Seconde Guerre mondiale, la demeure
était, à la veille de la Révolution, la propriété du trésorier de France à
Amiens. La tradition veut qu’il y ait caché un trésor au tout début des
événements. En 1792, le château passa à une autre famille qui s’éteignit sans
postérité en 1904.
FALVY (80190) – « La grande cloche a été vasée »
La petite église de Falvy recèle,
gravée dans la pierre, en hauteur et le long de sa nef, une étrange
inscription. Indéniablement authentique du fait de sa calligraphie, elle occupe
la surface de toute une pierre de l’édifice, et l’on y voit cette phrase
rédigée avec art (l’orthographe et l’organisation générale de l’inscription
sont ici respectés) :
EN L’AN DE GRACE 1661 LA GROSSE
CLOCHE DE FALVI A ETE VASÉ
La dernière ligne est soulignée de deux traits moins réguliers que l’écriture elle- même.
La grande cloche de l’église de Falvy, bijou médiéval, a bien été dévastée en 1661. Cette année-là, les Espagnols investissaient la cité, comme les villages voisins. Ils étaient toujours à la recherche de bronze à fondre et descendaient systématiquement les cloches des villages pour en récupérer le métal. Il est fort probable qu’à cette occasion, la cloche de l’église ait été cachée par la population, et que cette gravure ait été réalisée pour en informer les générations futures. Le terme « vasé » indique que la pièce a été jetée dans la vase d’un étang ou dans le lit d’une rivière.
Or, à quelques dizaines de mètres de l’église, se trouve un étang très ancien.
Une tradition court au sujet du lieu-dit le Grand-Gouffre, situé sur sa berge. En cet endroit particulièrement profond, on entendrait, les jours de fêtes religieuses, tinter les cloches de l’ancienne église de Falvy. Cette tradition est à mettre en regard de l’inscription, et laisse clairement entendre que la grosse doche est encore là, sous quelques mètres d’eau, plongée dans la vase. Son poids aura empêché, après l’occupation espagnole, toute tentative de récupération.
Malgré cette tradition très précise, des habitants du village pensent que la cloche pourrait aussi être enterrée dans le pré qui se trouve juste devant l’église, et qui donne sur un bras envasé de la Somme.
Autres trésors de Falvy restant à retrouver: les statues de l’édifice, et les fonds baptismaux, très anciens. Le tout, vraisemblablement caché, disparut en 1914 après la déclaration de guerre. Les bombardements et les mouvements de troupes, voire même des combats de tranchées, ravagèrent la plus grande partie du village qui ne comptait plus les cadavres à la fin de l’offensive sur la Somme. L’église fut cependant, cas rare dans la région, miraculeusement épargnée bien qu’endommagée, d’où la survivance de son étrange inscription.
Merci à tous de suivre ces histoires
des trésors de nos régions.
A bientôt pour de nouvelles
histoires de trésors perdus, cachés, ou oubliés dans nos chères régions de
France.
Amicalement
Faachar