(Bourgogne)
Trésors perdus, cachés, oubliés des régions de France
Chère amis lecteurs et lectrices, nous
continuons nos articles consacrés aux trésors perdus des régions de France avec
cet article qui va être consacré aux trésors de la région Bourgogne proposé par
M. Audinot à travers ces années de recherche des trésors perdus au cours des
siècles.
Côte
d’Or (21) :
BLIGNY-SUR-OUCHE (21360) - Le trésor des frères Méraudon
Les deux frères Méraudon, brigands
notoires, ravagèrent la région de Beaune pendant toute la durée de la
Révolution. Ils agissaient pour leur propre compte, profitant des grands
bouleversements nationaux pour se livrer, sous couvert de politique, à des délits
de droit commun.
Leur repaire se trouvait dans les
carrières de la montagne voisine dite « de Beaune ». C’est là qu’ils
entassaient leur butin, fruit de vols, cambriolages, mises à rançon. On nomme
encore ces inextricables cavités « Les Méraudon ». C’est là que se
trouveraient cachés bon nombre de leurs butins, dont celui issu de l’attaque de
l’étude de Maître Guiot, à Beaune.
MOLESME (21330) - Le trésor de l’abbaye de Molesmes
C’est en 1075 que l’abbaye de
Molesmes fut fondée par un anachorète. L’établissement, qui prospéra très vite,
subit comme beaucoup dans la région les assauts de la guerre de Cent Ans, avant
d’être ravagé pendant les guerres de Religion. Malgré tous ces événements, les
moines avaient réussi à conserver, en les cachant, de nombreux objets de
valeur. En 1790, l’inventaire des biens des monastères, conduit pour tout le
Royaume par l‘Évêque d’Autun, Talleyrand, permit de constater la soudaine
disparition des trésors de Molesmes. Le 14 avril, l’officier de la Garde
nationale se rend dans l’abbaye, averti par des dénonciateurs que des caisses
avaient quitté l’abbaye par Aignay-le-Duc, ficelées sur un chariot. II va sur
place et trouve des armoires vides de calices, patènes et ostensoirs. En tout,
ce sont neuf caisses d’objets précieux qui ont disparu de l’abbaye. L’enquête démontrera
qu’elles contenaient, outre les effets et ornements liturgiques, des vaisselles
précieuses et de l’or en monnaies. Le dépôt aurait été enfoui dans les bois,
après le passage à Aignay
En 1860, on trouva bien dans une
ancienne maison des moines un trésor évalué à l’époque à 150 000 francs. Il
était enterré dans la cave, mais composé de monnaies d’époque Henri II,
entassées dans un pichet d’étain. Rien à voir donc, avec celui évacué au cours
de la Révolution.
NUITS-SAINT-GEORGES (21700) - Le trésor des clunisiens
Le monastère des clunisiens réformés
de Cîteaux s’élevait autrefois près de Nuits. En Bourgogne, le jacobinisme
révolutionnaire fit peu de ravages par rapport à d’autres régions de France,
mais le monastère en souffrit malgré tout.
En 1790, l’abbaye possédait quinze
fermes, des bois et des vignobles dont le plus célèbre était, assurément le
Clos-Vougeot. En 1791, tout fut mis à l’encan après que les moines ont été « rendus
à la liberté ». On ne put alors mettre la main sur le trésor de l’abbaye,
mystérieusement disparu. Les acheteurs de ce bien national durent se contenter
des pierres des édifices dont une partie fut démonté pour être vendu. Ces
travaux, d’une grande ampleur ne permirent pas alors aux nouveaux propriétaires
de mettre la main sur le trésor des clunisiens réformés.
Nièvre
(58) :
DONZY (58220) — Trésor d’abbaye
La belle forêt de Bellary, située à
vingt-cinq kilomètres au nord-est de la Charité, dépendait autrefois de
l’abbaye du même nom, dont de puissants vestiges sont encore visibles en
lisière de bois. Pendant la Révolution, les moines furent persécutés par la sans
culotterie locale, qui voulait leur faire avouer où ils avaient caché le trésor
dont ils avaient la garde. La tradition veut que les moines aient été massacrés
un à un sans rien avouer. Le trésor passe pour reposer encore soit quelque part
autour des ruines, soit dans la forêt voisine.
En fait, la tradition du trésor de
Bellary s’est forgée sous l’Empire. La fondation était autrefois fort riche. Un
inventaire du XIVe siècle fait état de joyaux, calices et objets précieux pris
par les Anglais pendant la guerre de Cent Ans.
Le 9 février 1568, les bâtiments
avaient été incendiés par les huguenots, événement qui pourrait d’ailleurs être
à l’origine de l’enfouissement d’un premier trésor.
Que restait-il de cette splendeur
passée pendant la Révolution?
Les révolutionnaires trouvèrent, à
Bellary, des cuillers, quelques objets sans importance, et mille livres en
monnaies. Le prieur aurait-il caché le reste, dont le plus précieux pour lui:
les objets saints et sacrés?
Une tradition veut que, pour tenter
de faire parler les moines, les sans-culotte de la région les aient enterrés
vivants jusqu’au cou, et aient joué aux boules avec leur tête et de petits
boulets de canon. Rien n’atteste de la réalité de ce massacre. Vers 1805, les
propriétaires du bien, vendu à l’encan, reçurent un jeune médium qui se disait
persuadé de l’existence d’un trésor. Il le voyait entassé dans un appartement
voûté, une crypte. Cette salle aurait été accessible par un souterrain donnant
près de la Fontaine Noire, une pierre gravée d’une croix donnant l’emplacement
de son entrée. Des radiesthésistes mandés sur place ont ressenti des masses
d’or près du bâtiment ancien dit Sous-le-Comte. Malgré ces investigations, la
chartreuse garde son secret.
VILLLERS-SUR-YONNE (58500) - Le trésor de la comtesse de Chabanne
Près de Villiers, le château de
Cuncy était, sous la Révolution, la propriété de la comtesse de Chabanne. Inquiétée
sous la Révolution, elle finit sous le couperet de la guillotine. La tradition
veut que la comtesse ait fait enfouir son argenterie, son or et ses joyaux en différentes
caches situées autour du château.
Saône-et-Loire
(71) :
CHATENOY-LE-ROYAL (71880) - Cinq à six cents louis d’or
Henri Camille de Colmont, riche
hobereau de province qui avait un temps courtisé la pupille de Voltaire, se
maria en 1779 avec une riche héritière de Villefranche, dans le Rhône.
Lorsqu’éclata la Révolution, sentant le danger, il réalisa une partie de sa fortune,
parvint à collecter 5 à 600 louis d’or, et les enterra dans l’un des parterres
de son jardin.
L’argent suscite l’envie, et les
envieux parvinrent sous la Terreur à faire juger, condamner et exécuter Henri
de Colmont. Après quoi ils retournèrent son jardin en tous sens, mais sans
trouver son trésor. Son jugement avait été tellement partial que, le calme
revenu, ses juges et dénonciateurs furent à leur tour jugés et portés sur
l’échafaud, entre autres pour cette affaire. Le trésor est resté enfoui. Il
serait soit dans l’ancienne propriété de la famille de son épouse, les Jacquet
de la Colonge à Villefranche soit, et plus vraisemblablement, quelque part enterré
sous quelque parterre autour de l’ancien château de la Cruzille dont il ne
reste plus aujourd’hui que la chapelle, sur le territoire de Châtenoy-le-Royal.
On parle aussi de caches aménagées
dans des fermes appartenant à la Famille; la Ferme-Blanche, de Villefranche, ou
la ferme Jacquet située près du château.
LOURNAND (Saône-et-Loire) - Le très fameux trésor de Cluny
Depuis le règne de Philippe le Bel,
qui avait nommé à sa tête un gestionnaire avisé en la personne de Pierre de
Chastelux, l’abbaye de Cluny prospérait avec régularité.
Au milieu du XIVe siècle, dans une
période de l’histoire extrêmement dure, elle se dotait d’une des premières horloges
du royaume, faisait réaliser une grande statue en or de la Vierge d’un poids de
soixante marcs de métal fin et d’autres statues de métaux précieux.
On fondit aussi, pour cet
établissement complètement endetté seulement quelques décennies auparavant,
trois cloches extraordinaires par leur taille pour l’époque, et une foule de
précieux ornements d’église.
C’est dans cet état de prospérité
que Cluny allait pénétrer l’époque des guerres de Religion.
En 1570, le trésor de l’abbaye fut
intégralement transporté à Lournand, pour être mis en sécurité derrière les
hautes murailles du château féodal de Lourdon.
Contre qui voulait-on protéger cette
incroyable fortune?
À l’époque, toutes les régions de
France étaient systématiquement écumées, sous prétexte de convictions
religieuses, par les grands chefs de la noblesse huguenote.
C’était le temps où Montgomery
pillait la Normandie, entreposant ses trésors sur l’îlot de Tombelaine, celui
où le baron des Adrets mettait à feu et à sang le Dauphiné, et pendant lequel
le sire de Loron entreposait dans son château, après l’avoir fondu en lingots,
le fruit du pillage de la cathédrale d’Auxerre.
Pour le clergé catholique régulier,
très riche, le danger venait toujours de seigneurs très proches voisins mais
protestants, toujours prêts à lever une petite troupe pour aller assaillir des
moines sans défense. C’est ainsi qu’en 1575, bien renseignée, la noblesse
protestante de la région attaqua perfidement non pas l’abbaye de Cluny, mais le
château de Lourdon où le trésor était entreposé. Tout fut raflé et l’on ne
revit jamais le butin, partagé entre les parties prenantes de cette opération militaire.
Comme bon nombre d’entre eux périrent par l’épée entre cette période et la fin
du règne d’Henri IV, force est de penser que de nombreux petits magots, composant
l’intégralité du trésor de Cluny, reposent encore dans quelques caves ou
souterrains de châteaux et forteresses démantelés de la région. À la tête des
assaillants de Lourdon, se trouvait Gabriel Filloux, procureur fiscal du roi
entré en révolte ouverte. Les chroniques nous disent que, lors de la prise de la
place, ses hommes «fouillèrent tous les appartements, les souterrains, les
endroits les plus cachés, mais s’attachèrent à la plus grosse tour, car c’est
là que les plus grandes valeurs avaient été mises en lieu sûr».
On a, par ce texte, la certitude que
de nombreuses cachettes avaient été aménagées dans ce véritable coffre-fort
qu’était Lourdon. Le château n’est plus de nos jours qu’un informe tas de
ruines occupant le sommet de la montagne.
Pour récemment, il a été découvert
en 2017 au cours de travaux de réfection de l’abbaye de Cluny plus de 2.200
deniers et obole en argent, en majorité émises par l'abbaye de Cluny, ainsi que
21 dinars en or enfermés dans une peau tannée, qui étaient regroupés dans un
sac en toile. Il renfermait également une bague sigillaire en or marquée
"Avete", une "parole de salutation dans un contexte
religieux", une feuille d'or repliée de 24 grammes et une piécette en or. Source : https://lejournal.cnrs.fr/articles/un-tresor-exceptionnel-retrouve-a-cluny
Yonne
(89) :
POILLY-SUR-SEREIN (89310) - Le trésor de l’intendant Foulon
Foulon était l’un des intendants du
roi Louis XVI lorsqu’éclata l’émeute de juillet 1789. Après s’être vainement caché
chez son ami Sartine, à Viry-Châtillon près de Paris, il fut reconnu, arrêté et
conduit à la capitale. Cet homme, qui voulait faire manger du foin aux
parisiens affamés, finit décapité par la foule, au couteau, sur une borne, et
sa tête toute la journée promenée au bout d’une pique.
En 1792, une lettre parvint à un
bourgeois aisé de la région de Poilly. Elle émanait d’un certain Abraham
Zacharias qui se disait détenu à Bicêtre, et prétendait échanger contre un peu
d’argent le secret d’un trésor : les 4 500 louis d’or, les 300 000 livres en
billets et les papiers compromettants que lui aurait remis son maître, Monsieur
Foulon, avant de partir pour Viry, le tout contenu dans une cassette. Le valet
aurait tenté de se rendre dans l’Auxerrois, où Foulon possédait des terres.
Mais avant d’entrer à Pouilly, il aurait par hasard appris la mort violente de
son maître. Dans un champ situé à l’entrée de la ville, il se serait servi de
son couteau de chasse pour enterrer le trésor (à soixante-quinze centimètres de
profondeur environ selon lui), avant de prendre une autre direction. Enquête
menée, il y avait bien un Abraham Zacharias à Bicêtre en 1792, mais il était
marchand forain et avait été condamné à une année de prison pour des vétilles.
Mais une certaine rumeur laisse
entendre qu’un dénommé Jean Jacquillat, modeste roulier et négociant en vins
aurait trouvé le trésor et construit avec un grand moulin qui enjambent les
deux bras du Serein.
VOUTENAY-SUR-CURE (89270) - Les secrets du vallon de Vau-de-Bouche
Dans le vallon dit Vau-de-Bouche, on
trouve une grotte naturelle qui servit de refuge en maintes périodes de guerre
et possède une source souterraine qui permettait d’alimenter les proscrits en
eau.
Des monnaies antiques ont été
trouvées près de son ouverture et il semble que cette cavité ait été dans l‘antiquité
un haut lieu de cultes païens. Les pièces en question étaient des offrandes. Après
avoir servi à dissimuler la population des environs, la grotte fut au XVIIIe
siècle le repère d’un brigand qui, dit-on, y aurait laissé son butin savamment
dissimulé.
Merci à tous de suivre ces histoires
des trésors de nos régions.
A bientôt pour de nouvelles
histoires de trésors perdus, cachés, ou oubliés dans nos chères régions de
France.
Amicalement
Faachar